Farouche, d’instinct grégaire, frileuse et particulièrement goûteuse, la dinde noire de Licques peut peser jusqu’à quatre kilos, soit deux fois plus qu’un fringant poulet fermier. La raison ? Six mois d’élevage quatre étoiles.
Graines de championnes
En effet, de juillet à début décembre, entre 10 000 et 15 000 jeunes gallinacés – soit 10 fois la population de la ville de Licques quand même – se régalent d’un régime à base de blé, de maïs et de tourteaux de soja. Au 42e matin, c’est jour de fête : les dindonneaux ont la permission de gambader dans les herbages. Les jeunes gallinacés, qui raffolent des orties et des chardons du bocage boulonnais, gagnent alors en rusticité. Pour muscler leurs gésiers, ils picorent même de minuscules silex ! Le résultat est à la hauteur de la patience accordée à cet animal hors du commun mais aussi des efforts consentis par une poignée de passionnés.
Sept jours complètement « dindes »
À Licques, les éleveurs de dinde se comptent en effet sur les doigts d’une main. Pour eux, décembre est un mois d’une grande intensité puisque 90 % de la commercialisation se concentre la semaine qui précède le 24. Quant au 10 % restants, ils seront vendus dans les deux semaines qui suivent. Ce n’est donc pas le fuit du hasard si depuis les années 1970, celle qu’on surnomme la reine du réveillon est devenue l’étendard de la ville jusqu’à obtenir le précieux Label rouge en 1979. Elle fait même partie des rares produits du terroir à avoir une confrérie dédiée. Sans faire d’ombre au chapon et à la pintade, ses deux cousins de Licques. Tant de qualités méritent bien un cocorico.
Texte : Joffrey Levalleux
La dinde de Licques Label Rouge est une denrée rare : moins de 15 000 par an contre 1 300 000 poulets !
Tous les ans Licques organise la Fête de la dinde. Cette année, elle a lieu les 14 et 15 décembre 2019. Comme à l’accoutumée, des milliers de gallinacés défileront dans la ville au rythme de la fanfare locale, surveillés de près par les membres de la Confrérie éponyme.
