La terre, les animaux, la nature… des ingrédients que Stéphanie Lionne a souhaité retrouver dans son quotidien et dans son métier. Après un parcours scolaire puis professionnel jalonné d’expériences clés, son objectif est finalement atteint. Elle reprend la ferme de ses parents, sur laquelle elle apporte sa touche : elle démarre la conversion en bio dès 2018 et fait le pari du lait avec transformation à la ferme. Stéphanie, une femme à contre-courant ?
Fille et petite-fille d’agriculteurs, Stéphanie n’a pas emprunté une voie toute tracée pour accéder à ce métier. « Je voulais travailler avec la nature et les animaux, mais j’ai vite compris que le métier d’agricultrice n’était pas facile. Mon père n’a d’ailleurs jamais voulu que ses enfants reprennent la ferme, il estimait ce métier trop dur ». Attachée à ses terres, elle s’entête et se forme, avec pour projet de reprendre la ferme familiale, malgré les réticences paternelles. Durant sa formation, elle prend confiance, fait sa place dans un milieu d’hommes pas toujours tendre et découvre une première approche de l’agriculture biologique. « Quelques rencontres avec des agriculteurs avenants et ayant le sens du partage m’ont fait changer mon regard sur la bio. J’ai trouvé aussi que techniquement, la bio apportait beaucoup plus de diversité dans le travail de la terre. »
Avant de revenir sur la ferme de ses parents, une expérience en métropole lilloise en tant que salariée sur une exploitation laitière lui élargit sa vision du métier : « J’ai touché à la vente et à la transformation, avec un patron qui jouait le jeu de la transmission de ses connaissances. » Son projet d’installation se précise et s’accélère en 2018, puisqu’elle travaille finalement aux côtés de son père peu avant son décès. « Le travail sur la ferme se concrétise, le boulot est énorme. Je poursuis la production de viande avec le système de caissettes que mes parents venaient de mettre en place. Je passe une partie de la ferme en bio et démarre le lait, à petite échelle. » Cette aventure se conjugue à deux, son conjoint l’aide ; sa mère est toujours exploitante, des échanges avec des producteur bio la guident aussi dans sa mise en route.
Le lait commence en juillet 2019 avec trois vaches de race Jersiaise « J’ai rapidement opté pour la mono-traite, pour avoir un peu de confort de vie. La partie transfo représente entre 50 et 60 heures par semaine, j’essaie d’optimiser mes journées. Aujourd’hui j’ai un troupeau de 15 Jersiaises, elles ont beaucoup de qualités, avec un lait extra : 60 mg et 40 de TP, en moyenne 10 litres par jour et par vache. Les veaux partent à la viande, c’est le seul défaut de cette race. » Elle transforme son lait en yaourts, en beurre, en crème fraîche, crèmes dessert et fromages… qu’elle vend à la ferme ou via drive fermier. Pour la viande, elle fonctionne aussi en vente directe avec un atelier de découpe qu’elle loue, elle travaille également avec des boucheries de région parisienne. « Ce que les clients achètent, c’est l’image de la ferme familiale, des animaux ayant une belle vie, en prairie ou aire paillée. »
Stéphanie transpire la détermination : « Ma ferme, c’est toute ma vie. Il faut tester, essayer, quitte à se tromper parfois ! J’essaie toujours de faire des choix qui ne m’enferment pas, qui me permettraient de rebondir vers un plan B, au cas où. Il faut réfléchir à des solutions pour ne pas s’écœurer du métier, je mise sur l’expérience pour trouver un peu de confort au fil des années. » La suite, elle y travaille déjà : « Agrandir l’atelier de transformation et construire un magasin pour accueillir mes clients. Faire un bâtiment plus adapté pour mes vaches. J’aimerais aussi avoir quelques porcs à l’engraissement qui pourraient valoriser mes déchets de fromagerie. Une sorte de cercle vertueux sur la ferme qu’on a perdu un peu avec le temps. » En 2023, son conjoint s’installera sur la ferme, avec pour objectif de passer la ferme en 100 % bio.
Ferme des 3 muids
1, rue de Famars
59 259 Astres
Tél. : 06 75 53 39 15
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Texte : Bio en Hauts-de-France
