Les labels, c’est la valorisation de notre savoir-faire

Les labels, c’est la valorisation de notre savoir-faire

À l’occasion des 60 ans du Label Rouge, nous avons rencontré Cathy Gautier. Pour la directrice du Groupement Qualité, association qui milite pour une alimentation éthique, valoriser la qualité d’un produit est un acte au service du consommateur.

L’endive de pleine terre est un produit sous Label Rouge

D’où vient le Label Rouge ?

Ce n’est pas tant la provenance qui prime mais la raison, le « pourquoi ? » Le Label Rouge est une prise de conscience née de la volonté des éleveurs de volaille des Landes de protéger un savoir-faire d’une production intensive peu scrupuleuse du bien-être animal. Et par conséquent éloignée des préoccupations du consommateur. Pour obtenir le Label Rouge, une volaille devait dès lors – et doit toujours d’ailleurs – être élevée en plein air, suivre un parcours céréalier précis, le tout pendant au moins 81 jours.

Qui demande le Label Rouge, l’éleveur ou l’INAO* ?

C’est une démarche volontaire qui émane d’un producteur ou d’une entreprise souhaitant valoriser un produit qu’il estime de qualité supérieure. La requête peut aussi venir d’un groupe comme ce fut le cas chez nous en Hauts-de-France pour Caps Qualité représentant 3 produits distincts, donc 3 sociétés différentes : la Soupe de poissons (Pérard-Régals du Touquet), le Filet de hareng fumé doux (J-C David) et le Saumon farci farce aux petits légumes (les Entrées de la Mer). Ces trois produits ont d’ailleurs obtenu leur estampille respectivement en 2009, 2011 et 2014. (*Institut National de l’Origine de la Qualité).

Le processus est-il long ?

Oui. Il faut compter entre 18 et 24 mois. Ce sont toujours des dossiers complexes qui requièrent de la réflexion en amont et de l’action en aval. Les cahiers des charges sont détaillés et soumis à des vérifications très strictes car il s’agit d’une reconnaissance officielle de la qualité du produit.

Comment intervient le Groupement Qualité ?

En tant qu’association financée par la Région et créée, rappelons-le, à l’initiative d’associations de consommateurs, nous avons l’expertise et les moyens d’aider les éleveurs, les producteurs et les entreprises d’agroalimentaires à faire les bons choix. Pour le Label Rouge, on insiste sur le goût – des laboratoires organisent des tests à l’aveugle auprès d’un échantillon de population en reprenant les caractéristiques du produit à toutes les étapes de production. Nous sommes une sorte de coach de la qualité alimentaire.

Vous dites qu’un produit Label Rouge est un ambassadeur, pourquoi ?

Parce qu’une endive de pleine terre, ou de la viande Blanc Bleu, c’est du patrimoine vivant. Le produit est un étendard. Un fleuron certes valorisé mais pas protégé. C’est pour ça qu’ont été créées au milieu des années 90 l’AOP (Appelation d’Origine Contrôlée) et l’IGP (Identification d’Origine Protégée). La première reconnaît un savoir-faire liée à un terroir, la seconde identifie un produit agricole brut ou transformé dont les qualités intrinsèques et la réputation sont liées à une aire géographique. Dans les deux cas, le nom du produit est sanctuarisé dans toute l’Union Européenne. À titre d’exemple, dans les Hauts-de-France sont concernés par l’AOP l’agneau de Prés-salés de la baie de Somme, et par l’IGP le Genièvre. Rien n’empêche de cumuler. La volaille de Licques et le lingot du Nord, deux Label Rouge, ont aussi obtenu l’IGP.

À échelle nationale, où se situent les Hauts-de-France ?

Nous avons 48 produits sous signes de qualité et d’origine. Des régions comme la Nouvelle Aquitaine ou l’Occitanie en comptent 280. Mais il faut voir ces chiffres comme une opportunité. Celle d’aller chercher de nouveaux produits à labelliser comme ce fut le cas récemment pour la Noix de Saint-Jacques (Comptoir des pêcheurs boulonnais). Et aussi garder à l’esprit que qualité est synonyme de rareté.

Texte : Joffrey Levalleux

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