Label Rouge pour la belle Blanc Bleu

Mis à jour le 15/09/20

Elle a retrouvé le chemin des pâtures puis des étals grâce à la perspicacité de Sébastien Desert, éleveur à Potelle (Avesnois). La Blanc Bleu Label Rouge, une vache sacrée …ment savoureuse.

Il y est allé au culot avec la conviction de mener une quête noble. Nous sommes en 2018. Sébastien Desert pousse la porte d’Auchan Petite-Forêt près de Valenciennes. L’éleveur souhaite réhabiliter l’une des viandes les plus goûteuses sur le marché : la Blanc Bleu. Mais pas n’importe laquelle : celle estampillée du sceau Label Rouge. Depuis peu en effet, le Label est comme qui dirait en stand by. La race Blanc Bleu existe bien – il en élève lui-même depuis 2005 – mais dans sa version Label Rouge, la demande est quasi inexistante. Il y a péril en la demeure. Dans sa ferme de Potelle près du Quesnoy, le jeune homme prend donc la décision de réactiver le label sur cette race « qui historiquement vient de la région du Hainaut belge et français (1). Dans les années 60, elle s’est scindée en deux : une vache laitière, la Bleue du Nord, et une vache à viande reconnaissable à son arrière train musclé, la Blanc Bleu. » Le Label Rouge a été décroché en 1994.

La blanc- bleu une sportive de haut niveau

Une musculature saillante, très peu de gras et un exceptionnel rendement carcasse égal à 70 % de son poids. « On pourrait la comparer à une athlète de haut niveau. Elle est moins riche en cholestérol que du poulet. En contrepartie, elle requiert une attention particulière », précise l’éleveur. Pour obtenir le Label Rouge, la Blanc Bleu doit en effet justifier d’une hygiène de vie irréprochable. D’avril à octobre, voire davantage si les conditions climatiques le permettent, c’est pâturage au menu. Aux premiers frimas, c’est retour à l’étable avec ventilation naturelle qui évite les changements brusques de température. Le régime alimentaire de la Blanc Bleu est alors constitué entre autres de foin, d’épeautre et de maïs en grains. Que du sain. Mais le plus important est en amont. Durant les quatre-cinq premiers mois de sa vie, la Blanc Bleu est élevée sous le pis. Le lait maternelle étant réputé pour ses hautes valeurs nutritives et organoleptiques.

Des acteurs impliqués  

Deux ans et demi se sont écoulés depuis son plaidoyer porté aux oreilles de la grande distribution. Sébastien Desert a bien fait d’être persévérant. À ce jour, son cheptel de Blanc Bleu Label Rouge se retrouve non pas dans un mais dans trois hypermarchés (2) de la marque au petit oiseau rouge et vert. Au Gaec du Moulin Rouge où un veau Blanc Bleu « labellisé » naît tous les deux jours, on est confiant. « Je pense que les gens apprécient la tendreté d’une viande qu’ils ne connaissaient pas vraiment » souligne Sébastien. Pour Guillaume Perdiel, directeur ELVEA Hauts-de-France (3) , « on est en phase de développement, les artisans bouchers nous soutiennent. Un Label Rouge comme celui-ci est très précieux car unique sur le plan régional. On veut des acteurs mobilisés, des éleveurs impliqués. » Et des consommateurs satisfaits.

(1) En Belgique, berceau historique de la race, la Blanc Bleu représente la moitié du cheptel. Les initiales BBB (Blanc Bleu Belge) sont généralement utilisées pour parler de cette race bovine. 
(2) Auchan Marly, Petite-Forêt et Valenciennes.
(3) Association d’éleveurs notamment prestataire pour l’ODG (Organisme de Défense et de Gestion) qui fait la promotion de la Blanc Bleu label Rouge. 

Texte : Joffrey Levalleux

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